
Rhumatologie pour les kinésithérapeutes : comprendre et rééduquer les pathologies articulaires et extra-articulaires
Introduction
La rhumatologie occupe une place centrale dans la pratique kinésithérapique. Les affections de l’appareil locomoteur constituent l’un des motifs les plus fréquents de consultation : douleurs articulaires, tendinites, entorses, arthrose, polyarthrite ou encore lombalgies inflammatoires.
Ces pathologies entraînent souvent des douleurs chroniques, des limitations fonctionnelles et une perte d’autonomie. Le kinésithérapeute se trouve en première ligne pour évaluer, soulager, restaurer la fonction et prévenir les récidives.
Deux grandes catégories sont distinguées en rhumatologie :
- Les pathologies articulaires : touchant directement les structures internes de l’articulation (cartilage, synoviale, ligaments intra-articulaires).
- Les pathologies extra-articulaires : atteignant les tissus périphériques (tendons, muscles, ligaments extra-articulaires, bourses séreuses).
Les pathologies articulaires
Arthrose
- Clinique : douleur mécanique, raideur matinale courte, perte progressive de mobilité.
- Prise en charge kinésithérapique :
- Mobilisations douces pour entretenir l’amplitude.
- Renforcement musculaire ciblé (quadriceps, fessiers).
- Travail postural et proprioceptif.
- Éducation thérapeutique (activité physique régulière, gestion du poids).
Polyarthrite rhumatoïde (PR)
- Clinique : douleurs inflammatoires, raideur matinale prolongée, gonflement articulaire, atteinte symétrique.
- Risques : déformations irréversibles, instabilité.
- Prise en charge kinésithérapique :
- Mobilisations douces en phase inflammatoire.
- Exercices actifs en rémission.
- Rééducation fonctionnelle des mains.
- Collaboration avec l’ergothérapeute (orthèses).
Arthrites infectieuses
- Particularité : urgence médicale → traitement médical en premier lieu.
- Kinésithérapie après infection :
- Mobilisations progressives.
- Renforcement musculaire après immobilisation.
- Rééducation fonctionnelle pour limiter la raideur séquellaire.
Spondylarthrite ankylosante (SA)
- Clinique : lombalgies inflammatoires, raideur matinale, perte de mobilité rachidienne.
- Prise en charge kinésithérapique :
- Exercices d’extension et de mobilité rachidienne.
- Étirements (ischio-jambiers, pectoraux).
- Correction posturale.
- Travail respiratoire.
Les pathologies extra-articulaires
Tendinites
- Clinique : douleur localisée, majorée par contraction ou étirement.
- Prise en charge kinésithérapique :
- Phase aiguë : cryothérapie, antalgiques, repos relatif.
- Phase subaiguë : étirements doux, travail excentrique.
- Correction des déséquilibres posturaux et gestuels.
Bursites
- Clinique : douleur, gonflement localisé, limitation fonctionnelle.
- Prise en charge kinésithérapique :
- Techniques antalgiques (cryothérapie, électrothérapie).
- Adaptation des gestes quotidiens.
- Progression fonctionnelle adaptée.
Élongations et déchirures musculaires
- Clinique : douleur brutale, hématome, impotence fonctionnelle.
- Prise en charge kinésithérapique :
- Phase initiale : protocole GREC (glace, repos, élévation, compression).
- Étirements doux et renforcement progressif.
- Travail excentrique pour la cicatrisation.
- Préparation au retour sportif.
Entorses ligamentaires
- Clinique : douleur, gonflement, instabilité.
- Prise en charge kinésithérapique :
- Réduction de l’œdème.
- Mobilisations précoces.
- Proprioception sur surfaces instables.
- Réentraînement spécifique selon le sport ou l’activité professionnelle.
Évaluation kinésithérapique en rhumatologie
Douleur mécanique vs douleur inflammatoire
- Douleur mécanique : augmentée à l’effort, soulagée au repos.
- Douleur inflammatoire : nocturne, matinale, améliorée par l’activité.
Outils d’évaluation
- Échelles de douleur (EVA, DN4).
- Goniométrie pour mesurer l’amplitude.
- Testing musculaire.
- Analyse de la marche et de la posture.
- Questionnaires fonctionnels (WOMAC, HAQ, BASFI).
Le rôle éducatif du kinésithérapeute
Le kinésithérapeute ne se limite pas à la rééducation : il est aussi acteur de prévention et d’éducation thérapeutique.
Missions éducatives
- Expliquer la pathologie au patient.
- Encourager l’autonomisation par des exercices à domicile.
- Conseiller sur l’hygiène de vie (activité, ergonomie, alimentation).
- Coordonner la prise en charge avec les autres professionnels de santé.
Prévention et entretien à long terme
La rééducation doit s’inscrire dans une logique de long terme.
Objectifs préventifs
- Prévenir les récidives.
- Maintenir la mobilité et la force.
- Favoriser la reprise des activités sportives et professionnelles.
- Limiter la chronicisation des douleurs.
Conclusion
La rhumatologie représente un champ majeur pour les kinésithérapeutes. Qu’il s’agisse de pathologies articulaires (arthrose, polyarthrite, spondylarthrite) ou extra-articulaires (tendinites, entorses, déchirures), le kinésithérapeute est un acteur clé dans la prise en charge.
Son rôle est à la fois thérapeutique (soulager, restaurer, renforcer) et préventif (éducation, entretien, correction des gestes). En collaboration avec les médecins et les autres professionnels de santé, il contribue à améliorer la qualité de vie et à préserver l’autonomie des patients atteints de maladies rhumatologiques.